ALFREDO[1]Si vous recherchez la signification du mot « habitude » vous trouverez beaucoup d’explications à propos de ce type de comportement qui est partagé par tout le règne animal.

Anthropologues, philosophes, théologiens, psychologues et beaucoup d’autres chercheurs ont essayé d’évaluer le rôle de l’habitude dans la vie des êtres vivants, y compris les êtres humains.

Les animaux aussi sont habitudinaires, à vrai dire ils le sont même plus que les êtres humains. En effet on a la possibilité de choisir si l’on veut suivre nos habitudes, tandis que les animaux ne l’ont pas.

L’évolution de notre espèce nous a fait le cadeau de pouvoir réfléchir sur nos actions et de décider s’il vaut mieux nous conduire selon nos habitudes ou pas.

L’habitude peut être définie comme la capacité d’automatiser mouvements et pensées sans qu’on soit concentré sur eux. Elle est transversale par rapport à tous nos comportements et n’a pas de connotations morales : à savoir elle n’est en soi ni bonne ni méchante, ni sûre ni dangereuse.

L’habitude peut amener notre esprit à la passivité : voilà le danger le plus grand, dont il faut absolument être conscient.

Subir le charme de l’habitude est un gros obstacle qui s’interpose entre nous et notre édification spirituelle. Elle nous enveloppe sans qu’on s’en aperçoit et devient une partie de notre comportement.

Elle peut être tantôt l’allié le meilleur, tantôt l’ennemi le pire.

En soi même l’habitude est un péché véniel dans lequel on glisse pour nous épargner la fatigue de penser et de réfléchir sur ce qu’on fait, mais si on ne la combatte pas avec énergie elle peut devenir un péché mortel.

En effet, si on ne fait pas attention, son effet est de transformer nos actions dans quelque chose de séparé de notre esprit, dont on n’a plus conscience. De cette façon on ne progresse pas.

J’ai voulu parler de l’habitude pour que vous réfléchissiez sur ce problème qui trop souvent apparaît dans la pratique du Judo.

Le Judo est souvent – presque toujours – répétitif, même pendant le randori. L’étude des chutes, des projections, des Kata, il faut que chaque chose soit répétée des milliers de fois pour qu’on obtienne précision et familiarité avec les mouvements.

C’est cette caractéristique du Judo qui peut favoriser le surgir de l’habitude. Lorsque l’habitude contrôle votre entraînement la fatigue devient inutile : on ne s’améliore ni du point de vue technique ni du point de vue de l’édification spirituelle.

La solution et de rechercher toujours, dans chaque mouvement, l’excellence dans la pensée et dans l’action. A chaque fois que vous faites un exercice de gymnastique, pendant l’uchikomi, en étudiant une technique ou un Kata, il faut toujours rechercher une action qui soit meilleure que la précédente.

De cette façon chaque action est unique, différente par rapport à celle qu’on vient de faire et sûrement différente aussi par rapport à la suivante. Votre fatigue sera ainsi primée.

Ce que je viens de dire pourrait paraître au-delà de vos capacités, mais il ne l’est pas et surtout il provoquera un changement radical dans vos vies.

Alfredo Vismara Hanshi Dai Nippon Butokukai

Traduzione di Andrea Lorenzo Covini