Si vous voulez aborder le sujet « raison » et vous allez en rechercher la signification, vous êtes projetés en arrière dans le passé pendant milliers d’ans.
Philosophes et penseurs de toutes les époques ont décrit la « raison » comme la seule faculté humaine capable de sauver et faire progresser l’être humaine dans son évolution.
En fait, au dépit de ces profonds raisonnements sur l’égalité, la fraternité, la liberté et la tolérance qui sont transmis depuis milliers d’ans – on pourrait même prolonger la liste –, on a sous nos yeux toute sorte d’exterminations et de vols, qui sont pour la plupart achevés par les plus forts contre les plus faibles, et catastrophes migratoires devant lesquelles la célèbre « raison » disparaît complètement.
Face aux difficultés réelles de l’humanité, l’être humain peut rester impassible ou indifférent jusqu’à ce qu’elles ne touchent ses intérêts individuels ou ceux de sa propre communauté. Par contre, si ce n’est pas le cas, l’être humain devient de nouveau celui qui il était avant la découverte de la « raison » et, encore une fois, il est dominé – ou au moins fort conditionné – par le seul commandement auquel il répond parce qu’il est imprimé dans son DNA : « survis ! »
Ce commandement est si fort qu’il gagne contre n’importe quelle pensée que la « raison » propose.
Et cela surtout parce que ce commandement « survis ! » n’a pas été créé par l’intelligence, laquelle s’est formée au cours des quelques milliers d’ans d’évolution dans notre cerveau, mais par l’interminable confrontation avec la réalité que l’être humain a dû affronter dans son chemin pour survivre.
Si la « raison » veut l’emporter sur cette force ancestrale qui nous accompagne depuis toujours, elle doit en imiter le parcours historique et évolutif. Il faut que la « raison » soit entrainée physiquement pour qu’elle s’empare peu à peu de nous-mêmes et de nos impulsions ancestrales.
Je suis un produit du Judo, ou pour mieux dire d’un certain type de Judo, à savoir un Judo qui vise à faire prévaloir la « raison » contre l’envie de répondre à la violence avec la violence, qui vise à tolérer un copain qui ne se préoccupe pas de mon incolumité pendant la pratique, un Judo dédié à une longue et patiente édification spirituelle et à ceux auxquels j’enseigne en utilisant la « raison » et l’exemple.
Le développement du sentiment de la « tolérance », qui est une des filles de la « raison », est une arme invincible pour gagner la guerre contre les impulsions négatives de notre société. La pratique du Judo selon le respect de ses canons et des deux principes Seiryoku zen’yo et Jita kyoei constitue un nouvel et puissant paradigme éducatif – ce que je répète souvent – avec une force incroyable.
Si on pense comment ces deux principes sont pratiqués dans le Judo et dans la vie quotidienne au sein de notre société, on découvre qu’ils constituent l’application de la « raison » dans l’action.
Avez-vous pensez comment le monde fonctionnerait si les gouvernants de chaque Pays avaient été éduqués à pratiquer ces principes ? Pensez-vous à nos hommes politiques (je demande pardon parce que l’exemple est tout à fait banal) : bien qu’il s’agisse d’un cas extrême, la situation pourrait être améliorée sensiblement.
Le secret se cache dans le plaisir de rechercher l’excellence dans ce qu’on pense et dans ce qu’on fait : voilà la véritable « raison », qui n’a rien à faire avec ce qu’on dit.
Alfredo Vismara Hanshi Dai Nippon Butokukai
Traduzione di Andrea Lorenzo Covini